
Je ne vais pas jouer la coach personnelle, et vous présenter des solutions miracles. Je les cherche moi-même. Une rupture, ce n'est pas évident. Je pense qu'alors même qu'on croit que certains le vivent très bien, pas de larmes, de cris ou de reproches, ça ne reste pas évident. C'est un passage d'une période à une autre. Tout le monde ne le vivra pas de la même façon.
Une rupture est intérieure, ce n'est pas quitter un endroit et aller physiquement ailleurs. Une rupture est dans la tête. C'est un travail à accomplir. Et si on ne le fait pas, on reste lié avec la personne, malgré nous, malgré la séparation physique. Et comme un boomerang, son absence se fera sentir à certains moments, en réchauffant un plat, en discutant, en regardant un objet, en allant à un endroit. Ce sera des souvenirs fugaces, plus ou moins agréables, mais inattendus. J'aime parler de vagues. Parce qu'on le veuille ou non, certaines personnes nous marquent à vie, elles font partis de nous.
Vous vous dites sans doute que je suis très sensible, et que ce sont les émotions qui parlent. Mais c'est même un fait scientifique. Selon une théorie populaire, le cerveau serait organisé en trois niveaux : un cerveau ancestral, dit reptilien, gérerait les comportements de base (manger, boire, se reproduire). Un deuxième niveau, nommé système limbique, donnerait naissance aux émotions. Et un troisième, le cortex, permettrait la pensée abstraite. Si les personnes avec qui ont travaillé, on vivait, et on évoluait, étaient logés dans le cortex, on se retrouverait tous à se demander indéfiniment qui est qui. Mais sans être sujet à une maladie spécifique, la science veut que les personnes les plus importantes transitent fréquemment par le système limbique, jusqu'à atteindre le Saint Graal, le cerveau reptilien. En d'autre terme, à force de rester près de nous, de nous faire ressentir des émotions, de vivre à nos côtés, la présence de quelqu'un peut devenir pour notre cerveau une nécessité, un outil pour agir, penser, créer, travailler, ou même se reproduire. Ça peut paraître incroyable, mais une personne peut devenir un élément centrale pour vivre au quotidien. Au delà des sentiments, le cerveau a le reflex de se reporter sur elle dans telle ou telle situation. Et sans elle, nous sommes littéralement perdus!
Le processus pour être dépendant d'une personne au niveau reptilien est plus ou moins long selon l'âge et le vécu de la personne. Un nourrisson aura un processus accéléré, de survi. Il comprendra vite que sa mère a le sein qui le nourrit, et il deviendra dépendant émotionnellement et physiquement à la vitesse grand v. Un adolescent prendra en autonomie, il multipliera les connaissances, les expériences et il aura plus de facilité à la transition, à remplacer la place une personne pour une autre. Il agira principalement avec sa partie limbique, temporaire. Un adulte, aura normalement une base sociale forte, des références traditionnelles, et il reviendra vers les mêmes personnes pour les mêmes problèmes de façon automatique, reptilienne. Quand un adulte vous fait confiance, il vous a logé dans son cerveau reptilien.
Voilà pour ma théorie sur le sujet. Je ne suis pas du tout scientifique, je n'ai rien vérifié moi-même, j'ai lu, et j'ai cherché à comprendre. De cela a jailli cette explication, et je trouve personnellement que ça tient vraiment la route! A vous de voir si ça vous a convaincu.
Donc je me retrouve avec cette personne que j'ai logé dans mon cerveau reptilien, le plus développé et tenace, et je dois créer la rupture, l'oublier. Je vous dit d'avance que plus je suis devenu adulte, plus c'est difficile. J'aurais aimé redevenir une enfant, priorisé le cerveau limbique, ou mon cortex, et tout oublier vite fait. Mais ça n'est pas le cas. Je n'ai plus le reflex de prioriser ce qui peut me faire survivre au dessus de ce qui m'affecte. Un enfant peut mettre une personne dans son reptilien, mais si ça nuit à sa survi et son évolution, il s'en débarrassera. Un adulte est normalement évolué, autonome, alors il gardera des personnes toxiques dans son reptilien, il survivra avec. Mais pourquoi survivre, au lieu de vivre? Cet article est là pour le rappeler. Vous méritez de vivre sans souffrance, sans obstacles.
Voilà un sujet plus philosophique, le droit au bonheur. On le retrouve même dans la Constitution ! L'article 13 de la Constitution prévoit que « Tous les citoyens devront être respectés comme individus. Leur droit à la vie, à la liberté, à la poursuite du bonheur, dans la mesure où il ne fait pas obstacle au bien- être public, demeure le souci suprême du législateur et des autres responsables du gouvernement ». Chaque homme a donc droit au bonheur, ce qui implique de fuir toute souffrance et obstacles à son épanouissement. Mais pourtant la société nourrit notre culpabilité. Et on a peur de décevoir, de l'échec.
Très jeune, on nous apprend que rater un examen est un échec, alors on étudie, que consommer trop est dangereux, alors on se prive, que divorcer est grave, alors on reste. Le bonheur, comme la liberté, reste des notions abstraites, aux multiples définitions, et tous deux se limitent toujours là où ils peuvent blesser. Mais c'est un garde de fou. On peut être blessé de mille et une façons.Dans les faits, n'importe qui peut faire ce qu'il veut. On voit bien des hommes commander des guerres du jour au lendemain. Visiblement ça arrive. Et devant la gravité des événements, la rupture est consommée. Des gens abandonnent leur famille, leur maison, leurs amis. C'est la rupture. Et on doit s'en remettre.
Donc à toi qui traverse une rupture, même plus anodine que ce que j'ai énoncé, je vais te donner les pensées qui peuvent t'aider comme moi à surmonter une rupture avec quelqu'un qui était très présent dans ta vie.
1/ Tu as le droit d'avoir (du) mal.
Tu as vu, je te l'ai expliqué. Au delà de tes émotions, toutes tes fonctions cérébrales sont affectés. Physiquement, mentalement, tu dois vivre autrement. Il faut t'adapter, faire passer la douleur que ça provoque. Tu es convalescent, blessé. Soit bienveillant avec toi-même.
2/ Tu as le droit de prendre le temps.
Selon ton âge, ton expérience, ton vécu, ce n'ai pas évident de passer à autre chose. C'est normal d'avoir des références au passé très fortes. Tu dois prendre le temps d'en fabriquer de nouvelles, qui peuvent être aussi importantes.
3/ Tu as le droit d'avancer
Et tu le dois même! Ta vie reste la tienne, et celle de personne d'autre. Tu as tes rêves, tes objectifs à atteindre, et personne ne le fera pour toi. Ne vis pas dans les regrets. Ne te fie pas forcément aux regards extérieurs. Surtout quand ils ne te connaissent pas.
4/ Tu n'es pas plus coupable qu'un autre
Ca peut paraître léger, mais je vais reprendre l'expression "L'erreur est humaine". Déculpabilise! On est très peu à inventer les pires actions au monde. Je ne parle pas des tortionnaire et psychopathes. On reste entre gens normaux et équilibrés. Généralement toutes nos conneries, on les retrouves dans le dictionnaire. Tromperie, usurpation, manipulation, vol, mensonge, abondon, agressivité. Tu es humain! Félicitations !
Attention, je n'ai pas dit que tu n'es pas coupable. Je pense qu'on doit assumer ses erreurs. Mais tu ne l'es pas plus que ceux qui font les mêmes conneries. Donc tu dois pouvoir t'en remettre, comme les autres. Il n'y a pas de raison que tu fasses exception. Essaie d'être meilleur, tu peux y arriver !
5/ Tu peux refuser une situation
Vivre mal dans ta peau, toute une vie, ce n'est pas envisageable. Si tu ne gâches pas à jamais l'intégrité de quelqu'un, libère toi avec délicatesse et respect. Trouve le moyen de vivre autrement, de façon saine. Tu accéderas plus facilement au bonheur. Et là encore, on est très peu à ne pas le mériter. Crois-moi.
6/ Pense à toi d'abord
J'ai du mal avec cette notion, c'est celle qui m'affecte le plus. Et je pense que dans une rupture c'est celle qui est le plus difficile à exécuter. Parce qu'on pense aux autres, tout le temps. N'importe quel égoïste pense aux autres, ne serait-ce pour comparer, jalouser. Il ne serait pas égoïste s'il ne pensait pas à devancer les autres qui son là, tout autour.
Donc oui, à moins d'être seule au monde, on peut penser aux autres, à ce qu'ils pensent. Et on pense beaucoup à ceux partis, on se demande comment ils sont maintenant. Mais ne faisons pas peser ça sur nos épaules au point de nous bloquer. Et mettons nous devant, en priorité.
Et bien je vais m'arrêter là. Je crois que j'ai ecrit tout ça pour m'en rappeler. Parce que je l'oublie un peu trop. Et j'espère que, toi qui traverse une rupture, qui a mal au coeur, toi qui veut retourner dans ta vie d'avant, tu réussiras à te faire confiance pour avancer et vivre autrement.
Je ne te dirais pas d'oublier, parce que trouver des parades contre le cerveau reptilien c'est dur, mais juste avance et soit heureux ou heureuse. Tu le mérites ! Prends ton temps pour trouver le bonheur, celui qui ne t'échappera pas.
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